L’Union Européenne doit augmenter la pression politique sur Israël devant l’accélération des démolitions en Cisjordanie qui vont à l’encontre du droit international international et qui affectent de façon croissante les projets d’aide subventionnés par l’union, a déclaré un envoyé de l’ONU pour les territoires palestiniens.
Avec plus de 540 démolitions et confiscations depuis le début de cette année en Cisjordanie occupée, l’armée israélienne a déjà égalé ou dépassé le total de 2015, en renforçant la pression sur les Palestiniens qui y vivent.
Robert Piper, secrétaire général adjoint des Nations Unies et directeur des questions humanitaires dans les territoires palestiniens, a informé de cela les autorités de l’UE à Bruxelles vendredi (le 8 avril), les pressant de répliquer.
« Nous sommes rentrés dans une phase nouvelle et presque inquiétante en termes de confrontation entre le droit humanitaire international et l’occupation israélienne de la Cisjordanie, » a déclaré Piper à Reuters.
L’armée israélienne, qui occupe la Cisjordanie depuis la guerre au Moyen-Orient de 1967, dit qu’elle exécute les démolitions parce que les constructions sont illégales : elles l’étaient soit parce qu’elles ont été édifiées sans permis, dans une zone militaire fermée ou une zone de tir, ou parce qu’elles violent d’autres restrictions en matière d’aménagement ou de zonage.
« Le rythme des démolitions a dépassé tous les enregistrements précédents et nous ne sommes qu’au quatrième mois de l’année. Nous sommes très inquiets sur ce que nous réserve le reste de l’année, » a déclaré Piper.
Piper a déclaré qu’environ 140 projets d’aide financés par des donateurs ont été détruits, comprenant des investissements de l’UE d’une valeur de plus de 200.000 euros, tandis que quelques 600 personnes ont perdu leur logis et environ 2.000 leurs moyens de subsistance.
En agissant ainsi, a-t-il déclaré, Israël a forcé des Palestiniens à partir de certaines parties de la Cisjordanie alors que davantage de colonies israéliennes y apparaissaient, même si leur construction sur les terres qu’Israël occupe depuis la guerre au Moyen Orient de 1967 est contraire au droit.
« L’UE doit réfléchir sur sa stratégie et sur la façon dont elle va répliquer... Ceci ne peut pas rester sans réponse. C’est une provocation, » a déclaré Piper.
Piper a mis en doute la justification de ces démolitions par l’armée israélienne, en disant qu’Israël n’avait pas donné aux Palestiniens y vivant une véritable possibilité d’obtenir des permis de construire.
Piper a déclaré que, tandis que beaucoup d’actions diplomatiques se déroulaient derrière des portes closes, il y avait besoin de davantage de déclarations publiques sur le sujet, en ajoutant que l’UE pouvait aussi envoyer des diplomates vers les endroits concernés pour envoyer un message politique à Israël.
« Nous devons aussi parler des façons de rechercher une compensation ou une restitution financière par la puissance occupante, » a-t-il déclaré.
Les 28 pays de l’UE ont approuvé en mars son premier programme d’aide à l’Autorité Palestinienne pour 2016, avec l’affectation de 252,5 millions d’euros (287,62 millions de dollars) d’aide, entre autres, aux réfugiés palestiniens et au développement des services de santé et d’éducation.
Reportage de Gabriela Baczynska ; rédaction de Richard Balmforth
Traduit de l’anglais par Y. Jardin, membre du GT de l’AFPS sur les prisonniers